samedi 17 novembre 2012

Amazonie (Jour 3 : Oiseaux, Pêche, Jungle, Arc-en-Ciel)

__________________________________________________________________________________________
Jeudi 1er novembre


Ce jour là, nous nous levons vers 5h du matin pour une balade en bateau sur la rivière, afin d'observer les oiseaux. En effet, comme chacun le sait, les animaux (et les oiseaux sont des animaux => syllogisme) sont plus facilement observables au matin matin ou au crépuscule. Du coup, du voila très tôt le matin, sur la barque, à scruter les berges de nos yeux pas aussi ensommeillés qu'on aurait pu le craindre. Le paysage était alors très différent du jour ou de la nuit : il faisait sombre et l'on voyait la lune, le soleil se levait peu à peu, des écharpes de brume dansaient au-dessus de l'eau ou dans les arbres et les oiseaux chantaient de toutes leurs forces. Féérie.
Exemple d'orchidée.
Le gros ensemble de niz des Cassiques Cul-Jaune
Tout à coup nous avons vu des Singes-Araignée, mais en fait ils étaient juste semi-sauvages, mis là pour qu'ils réapprennent la vie après un passé traumatisant.
La queue des Singes-Araignée (aussi appelés Atèles) sert de main, exactement pareil, il y a même du "cuir" dessus.
Une grosse tribu d'Engoulevents Sables, dormant au milieu de l'eau
Iguane Vert
Les oiseaux observés seront partiellement décrits dans un article un jour, je nous téléporte donc directement à la fin de cette balade, vers 9h. Pour une raison mystérieuse, on aborde au niveau d'un village (un village = environ 10 maisons sur pilotis (pour quand monte le fleuve), des enfants qui se baladent ou travaillent, des gens qui se baladent, travaillent ou ne font rien, des animaux élevés...) et entre dans la maison. Et là, pof, on comprend, lorsqu'un des habitants nous tend un paresseux.Le paresseux, quand tu le prends dans tes bras, il referme les siens autour de toi, il s'accroche à ta taille avec ses jambes, et il fait un câlin. C'est aussi simple que ça, il semble au sommet du bonheur lorsqu'il fait un câlin. Il a un grand sourire, et parfois ferme les yeux de manière extatique.

Le Paresseux est un animal très original. Il y en existe actuellement 6 espèces (et au moins 4 espèces de paresseux géants des Etats-Unis sont connues à l'état de fossile) regroupés en deux catégories selon leur nombre de doigts : les paresseux tridactyles et les didactyles. Logique. En théorie, celui qui est appelé Aï n'est qu'un seul d'entre eux : le Paresseux à Gorge Claire, alors que celui appelé Unau n'est en théorie que le Paresseux Didactyle (même si deux espèces sont didactyles, un seul a ce nom, l'autre est de Hoffman. Osef, je sais). Le notre, celui qu'on a câliné, est le Paresseux à Gorge Brune, aussi appelé Paresseux Tridactyle de Bolivie, c'est l'espèce la plus répandue. Les paresseux passent une bonne partie de leur vie suspendus à des branches, dans leur position caractéristique (exemple dans un article à venir), ce qui fait que leur foie et leur estomac se sont déplacés vers le bas, au lieu d'être à l'avant du corps comme chez les gens normaux. Ça se nourrit environ uniquement de feuilles, et ne va aux toilettes que tous les 10 jours, ce qui l'oblige à retourner au sol. Il perd alors 30% de son poids. Lovely. Les paresseux dorment environ 10h par jour (16 en captivité, souvent, je suppose qu'ils n'ont rien d'autre à faire). A part ça, ils mangent des feuilles. C'est une vie très peace and love. En plus du grand qu'on a câliné, deux bébés dormaient en boule dans la charpente au-dessus de nous. Ils étaient libres de partir, tous, mais bon, si on leur donne des feuilles et leur fait des câlins, pourquoi partir? Et sinon, détail en plus, les paresseux sont très lents dans leurs mouvements, mais ils savent nager, ce qui leur sert durant la saison des pluies quand ils descendent de leur arbre pour aller dans un autre et qu'il n'y a pas de sol. Vous pouvez regarder des vidéos youtube de "swimming sloth", si ça vous fait envie :)

Un papillon ressemblant à une grosse mouche...
Il y a plein de superbes papillons de la taille d'une main, mais, hélas, il est très dur de les photographier...
Nous avons tous les trois fait quelques câlins au paresseux, puis nous sommes repartis en barque, direction le lodge pour prendre un petit dèj. Puis, il est temps d'aller pêcher pour le repas du midi. Avec des cannes à pêche crées à partir de branches, nous partons en direction d'un coin tranquille pour pêcher du piranha. Cela mordait peu et bien souvent l'appat (un morceau de poisson pêché et tranché au préalable) était mangé sans qu'on puisse sortir l'assaillant. Cette fois là, je fut peu utile au repas. J'ai quand même sorti de l'eau un énorme (relativement aux autres poissons pêchés) poisson-chat (les poissons chats peuvent en effet faire des tailles totalement surnaturelles), mais il s'est échappé. Mais Albine a pêché moult piranhas, donc ça allait ! Comme dans la vraie vie et surtout dans les jeux vidéos (pour les gens qui n'ont jamais pêché), il faut tremper l'appat dans l'eau et attendre que ça morde puis tirer brusque d'un vigoureux coup de poignet le poisson hors de l'eau. Souvent il s'échappe, mais des fois il reste accroché à l'hameçon dissimulé dans l'appat, et on peut amener le poisson dans le bateau et tenter de le décrocher pendant qu'il se débat comme un beau diable. Là, c'est un peu plus galère vu que tu t'empales régulièrement sur l'hameçon en tentant de choper le poisson, et puis dans le cas des piranhas (le poisson le plus courant) y'a les dents à éviter, et enfin dans le cas des poissons-chats il y a des nageoires à épines...Mais bon, c'est pas si compliqué, et la pêche est assez aisée en Amazonie (du moins relativement loin d'Iquitos. Là-bas c'est plus compliqué). On avait donc nos piranhas pour le repas.
Ces bêtes là sont pleines de haine...


Au bout de quelques heures de pêche, nous rentrons donc pour que le guide et les gens qui habitent au lodge préparent un repas à base de ces poissons (ils ne voulaient pas qu'on les aide -_-). Du coup, comme on a adoré pêcher, on a pêché sur le ponton en bas du lodge, en attendant. Là, je pêche mon premier piranha (le début d'une longue série, comme je vous en parlerai plus tard), Albine pêche un beau poisson-chat et Elise pêche un piranha chelou allongé. Un chacun, puis il est temps d'aller manger. Les poissons sont tous bons, bien entendu, mais je suis particulièrement fan du piranha. Vraiment très très très bon, je vous le recommande!
 Après ce bon repas, nous traversons la rivière pour une marche dans la jungle boueuse en quête des Hoatzins. En effet, nous pouvions demander au guide à voir telle ou telle espèce d'animal, et niveau oiseau j'avais demandé l'Hoatzin qui me fascine depuis des années (niveau mammifère, on aurait aimé tapir ou fourmilier mais il n'y en a pas par ici, et la loutre de rivière est beaucoup trop impossible à trouver, elle aussi). Au bout d'un certain temps de marche, on arrive à un lac, au milieu de la jungle. Magnifique. Et on entend de l'autre côté le cri des Hoatzin, qui vivent exclusivement au bord de ce genre de lacs isolés. Ce sont des cris rauques (que certains comparent avec la respiration asthmatique d'un fumeur... pourquoi pas). Tout à coup, un hoatzin sort du bosquet et je peux l'observer de loin et prendre une photo un peu foireuse... Très content d'en avoir enfin vu un et entendu moult autres.

Un Hoatzin, au loin...
L'Hoatzin huppé est un grand oiseau d'Amazonie (une soixantaine de cm) qui vit en groupe dans les arbres. Outre sa forme étrange, l'étude d'un fossile datant d'il y a plus de 18 millions d'années indique qu'il s'agit probablement de l'oiseau actuel le plus ancien, d'un oiseau préhistorique ! Ceci m'amène à sa caractéristique la plus fascinante : les bébé hoatzins naissent avec des griffes à chaque aile, au même endroit que les dragons, chauves-souris et, puisqu'on parle de préhistoire, les archéoptéryx. C'est un cas évidemment unique chez les oiseaux modernes, on n'imagine pas une mésange avec des griffes sur ses ailes... Néanmoins, les jacanas (dont je parlerai plus tard) et le Vanneau à Éperons (dont je ne parlerai pas plus tard) ont également une sorte de griffe au niveau des ailes, mais largement moins développée que les griffes des hoatzins. Ces griffes servent au poussin qui ne sait pas encore voler, afin de mieux se déplacer dans les arbres, et s'atrophient au bout d'environ 4 mois jusqu'à disparaître (bien que certains adultes les conservent). Fabuleux ! Sinon étrange également, mais un peu moins visible : l'Hoazin a la particularité d'avoir un système digestif unique chez les oiseaux : ils ruminent, comme les vaches. Mais les griffes c'est plus rigolo.


Nous reprenons ensuite notre marche, jusqu'à déboucher sur un immense champ de maïs, peu agréable à traverser, puis sur un village. Celui-ci traversé (ça prend au moins 5 minutes, lolilol), nous reprenons la barque en direction de la plage où nous étions allés la veille. En effet, on avait tellement aimé qu'on souhaitait y retourner. Le temps est encore plus magnifique que la veille, même s'il fait moins chaud. En effet, la saison des pluies approchant, de nombreux orages comment à avoir lieu dans la jungle. Tous les jours, nous en entendons ou en voyons les éclairs magnifiques pourfendant le ciel amazonien, et à chaque fois on s'attend à son arrivée, mais jamais il ne nous atteint. Ce soir-là, encore, un orage n'est pas loin. En même temps qu'un magnifique coucher de soleil se déploie alors peu à peu sous nos yeux émerveillés la splendeur d'un arc-en-ciel entier, immense, faisant la taille du champ de vision. J'étais heureux au-delà des mots. Tant de beauté naturelle, la jungle, l'eau, les arbres, les cris des singes, les chants des oiseaux, le coucher de soleil, l'arc-en-ciel, tout concordait dans un moment sublime.

Émerveillé, vraiment, je ne vois pas comment le dire autrement. C'était fabuleux fabuleux fabuleux magnifique merveilleux, tout ce que vous voulez.
Des poules avec des pattes impressionnantes!
Souvenir de la veille