mercredi 14 novembre 2012

Amazonie (Jour 2 : marche, baignade & balade nocturne)

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Mercredi 31 octobre

Chaque soir, nous décidions du programme du lendemain avec notre guide. Enfin nous acceptions toutes ses bonnes idées, et parfois ajoutions des détails. Après avoir exceptionnellement bien dormi (bien mieux qu'à Lima ce dernier mois), nous étions en forme et motivés pour une première journée dans la jungle. Tout d'abord, Israël nous a montré un arbre à 10 mètres du lodge dans lequel vivent des Ouistitis Pygmées. Il mesure 13cm, environ, le double avec la queue et pèse moins de 150 grammes, ce qui en fait le deuxième plus petit primate du monde. Mais comme il est très petit, il est plus facile à chasser par les rapaces. Heureusement, en plus d'évoluer jusqu'à être minuscule, il a développé un camouflage de ouf qui le rend quasi indétectable à l'arrêt. A part ça, il se déplace très bien sur tous les supports de la forêt et peut quand même faire des bonds de 4m, donc ça va, c'est un vrai singe qui saute d'arbres en arbres. Il est juste très très très petit. Exemple, les bébés sont si petits qu'il faut une loupe pour en voir les pattes. Il se nourrit en grande partie de gomme/résine et passe donc un tiers de sa journée à racler les troncs d'arbres. Il vit un peu moins de 20 ans et vit dans tout l'Ouest de l'Amazonie. On a longtemps cru qu'il était le primate le plus silencieux du continent, mais au contraire ils ont des cris subsoniques qu'on ne peut entendre. Ouh yeah. Si on ne bouge pas trop, il descendent de l'arbre plein de curiosité, du coup il y en avait un à 50 cm de moi, un jour où j'étais retourné les observer. Voila, c'était le moment Ouistiti Pygmée.
Derrière : le lodge ; devant : le ponton où sont amarrées les barques
Un insecte étrange et tellement en armure qu'on dirait un Digimon. Mais bon, il ne semblait pas méchants :)
L'oiseau le plus vu, le Martin-Pêcheur à Ventre Roux. Sans cesse, partout, ils pêchent et se perchent.

Souvent on utilise le moteur, mais des fois il faut ramer pour des manœuvres plus subtiles.
 Après les oustitis, nous avons pris la barque à moteur (sorte de canoé avec un vieux moteur ajouté), qui sera par la suite notre moyen de transport quotidien, afin d'aller quelque part au milieu de nulle part, d'accoster, accrocher la corde à un arbre, et entrer dans la jungle. Immédiatement, notre guide détecte un petit groupe de Singes Hiboux. L'espèce précisément, je ne sais pas, les différences sont trop subtiles pour ma photo de qualité foireuse. Les Singes Hiboux, Singes de nuit ou Douroucoulis sont des singes qui vivent... la nuit! Du coup ils ont de grand yeux et une vision monochrome. Le jour, ils squattent dans un arbre en attendant la nuit.

Puis c'est le moment d'un peu plus de deux heures de marche dans la jungle, à écouter, observer, apprendre. Vu qu'il s'agit d'une partie de jungle immergeable lors de la saison des pluies, il n'y a pas d'animaux terrestres genre Tapir, Fourmilier, Félins etc, juste des insectes, oiseaux et autres singes, en gros. On n'a pas vu d'autres singes que les Douroucoulis, lors de cette marche, ni d'oiseau d'intérêt exceptionnel, je vais donc vous parler des insectes et des plantes. Très régulièrement, Israël faisait en effet des pauses soudaines à côté d'un arbre, arbuste ou liane, et nous expliquait ses propriétés, ses usages etc. L’Amazonie est en effet le lieu où poussent le plus de plantes médicinales, la plupart aux effets géniaux mais non utilisés par la médecine scientifique, simplement par les populations locales. Mais peu à peu les industries pharmaceutiques comment à s'y intéresser (et comme on peut s'en douter, prendre la plante sans toujours rétribuer le pauvre paysan impuissant).

Tout d'abord, voyant que je trimballais mon énorme paire de jumelles à la main comme un manant, il a découpé de l'écorce du premier arbre qu'on a croisé (coïncidence)(tous les arbres n'ont pas une telle écorce) et m'en a fait une superbe lanière naturelle hypra solide (cf la photo avec Elise) qui durera longtemps. Joie ! 

L'arbre qui m'a offert ma lanière. J'espère qu'il n'en souffre pas trop -_-
Une des rares fleurs/fruits vues durant ce voyage. Pas la saison ou forêt immergeable et non pas terre ferme définitive?
Le palmier qui, plié, sert à faire les toits des maisons de la jungle, à renouveler tous les jenesaispluscombiendetemps (3 ans?)
L'autre fleur vue de temps en temps.
 



Les Fourmis de Feu sont des fourmis très méchantes qui vivent dans l'écorce de l'arbre, en harmonie avec celui-ci (bien qu'on ait l'impression quand on voit l'arbre qu'il est très malade et qu'on devrait l'achever pour apaiser ses souffrances). Leur acide est extrêmement douloureux et à partir de 5 "morsures" peut causer de grandes fièvres... le guide nous a donc dit de faire très attention et de ne pas toucher d'arbre...

Fleur/fruit étrange, souvent vu.
Joli champignon.
Le "champignon-cahier", polype (donc champignon vivant sur les arbres) blanc devenant noir quand on appuie dessus.                                                                                                    Il semblerait que les enfants n'ayant pas de cahier s'en servent parfois pour écrire leurs devoirs ♫
La Jungle, c'est un endroit très vert !





Les Fourmis Coupeuses de Feuilles (appelées aussi fourmis champignonnistes) possèdent des mandibules très puissants capables de sectionner les feuilles les plus coriaces. Au moins 190 espèces existent en Amérique, principalement en Amazonie. Elles sont fascinantes. En fait, les nombreux morceaux de feuilles et autres brindilles qu'elles transportent et qu'on voit se déplacer sur le sol tel des esprits ne sont pas mangés directement par la colonie : ils servent à faire pousser un champignon, qui lui sera leur nourriture (plus exactement le mycélium, c'est-à-dire ce qui sert de racine aux champignons)(rappelons ici que le champignon n'est pas une plante). C'est donc de l'agriculture, purement et simplement. De plus, après utiliser une sorte de plante/d'arbre/de feuille durant un certain temps, elles changent d'espèce afin de ne pas mettre en péril l'espèce utilisée. C'est de l'agriculture écolo ! Pour les chiffres, certaines espèces peuvent mettre en place des colonies de 8 millions d'individus, et certaines de ces colonies peuvent faire 600m² si on inclut le sol environnant occupé par les fourmis. On en a vu des plutôt grandes, mais quand même pas si énormes. Ca doit être flippant :)



 Parmi une des plantes les plus intéressantes se trouve la Uña de Gato, appelée Liane du Pérou en français. Cette liane est utilisée en médecine traditionnelle pour soigner diverses douleurs et peu à peu on découvre qu'elle peut servir pour traiter les patients du SIDA, des ulcères, tumeurs, aider à coaguler, les rhumatistes, les cancers, les irrégularités du cycle menstruel, les diabètes, les plaies, la maladie de Lyme, les problèmes dus aux radiations nucléaires... enfin à peu près tout en fait. Pour ceux qui savent pas quoi faire de leur vie, enquêtez sur cette plante, elle pourrait être très utile à la planète!

 Pour les touristes et les jeunes péruviens (qui se trouvent dans les universités, donc pas n'importe lesquels), la plante la plus connue est l'Ayahuasca. C'est le nom d'un breuvage traditionnel préparé par les Chamanes d'Amazonie (pas seulement au Pérou, mais aussi au Brésil, en Equateur, Colombie, Bolivie et au Venezuela) et, par extension, le nom qu'on donne à présent aux lianes dont l'écorce sert à faire le breuvage. Le mot vient du Quechua et signifie environ "liane des esprits, liane des morts, lianes des âmes...". Il s'agit d'un breuvage plus ou moins sacré/magique qui est utilisé pour entrer en transe divinatoire, ou thérapeutique, pour la sorcellerie ainsi que pour se purifier (et ce depuis potentiellement plus de 5000 ans). Je vous passe les détails techniques de la composition chimique des plantes utilisées, pour en venir aux effets qui attirent forcément tous les petits curieux des drogues rigolotes et hallucinogènes.

En gros c'est comme une forte alcoolisation très rapide, avec des vomissements (purification), durant plusieurs heures, altérant totalement les sens, formant moult hallucinations, rêves, prises de consciences... en soit il y a beaucoup à dire sur cette expérience utilisée ensuite par le mouvement New Age et autres pour prendre consciences du monde, ouvrir des perceptions nouvelles, voir le futur etc, comme les psychotropes psychédéliques plus connus. Comme d'autres plantes, il semblerait que ça puisse servir pour lutter contre Parkinson et d'autres maladies, mais comme d'hab trop peu de recherches sont faites à ce sujet.

Actuellement, à part les chamanes qui l'utilisent encore de manière traditionnelle, une partie non négligeable de la consommation d'Ayahuasca se fait par les touristes qui sont nombreux à essayer en venant à Iquitos (toujours avec présence d'un Chamane, enfin presque... techniquement on peut en acheter dans la rue, mais j'aurais pas trop confiance, perso). Perso j'ai pas essayé parce qu'il y a le potentiel "tomber plus ou moins bien malade" ou juste "psychoter comme un fou en pensant être en train de mourir pendant quelques heures", ce qui arrive parfois, et je ne voulais pas avoir une probabilité de gâcher ma première fois en Amazonie avec ça. C'est aussi bien d'être simplement en communion avec la nature, et pas en communion avec les Esprits :) Mais bon, voila, dans la jungle péruvienne, prendre de l'Ayahuasca c'est LE truc, traditionnel pour les gens qui y vivent (comme notre guide qui en prend régulièrement) ou trocouleouftiptoptendance pour les touristes.


Un beau "mille-pattes".
Un gecko (lézard à ventouses) extrêmement venimeux (dont on n'a pas d'antidote, je crois...)
En Amazonie, il y a de trèèèès grands arbres!
Certains arbres énormes ont ce genre de racines, et lorsqu'on tape dessus, cela fait un bruit ENORME comme un groos tambour, qui permet de communiquer entre habitants de la jungle, notamment quand t'es perdu.

Champignon très toxique. Oui oui, je dois donner l'impression que tout est toxique, dans la jungle ♫
Un arbre qui donne de l'iode naturel, qui permet de soigner moult trucs, notamment apaiser les piqures d'insectes (C'est dire si on était oranges, après).
 Nous continuons donc notre marche à la recherche des plantes et bestioles intéressantes. A un moment, je sens quelque chose me toucher le cou et immédiatement une douleur incroyable me transperce le cou et la main venue à la rescousse de mon cou. Je donne des coups dans le vent en tenter d'écraser ou virer ce qui a provoqué cette terrible sensation (je n'avais aucune idée de ce que c'était, c'était si douloureux que je n'écartais pas l'hypothèse araignée ou serpent). Une fois la chose potentiellement virée (plus rien ne me mordait/piquait/jetait de l'acide), je tentais d'imaginer ce que c'était... jusqu'à montrer les piqûres (boutons) sur mon cou et ma main à Israël qui me dit que ce sont les Fourmis de Feu. Ah ah haha! Donc voila, je connais cette puissante douleur causée par la fourmi de feu ♥ Ça a continué à me piquer fortement (surtout au cou) pendant une heure, jusqu'à ce qu'Israël trouve l'Iode naturel et m'en mette sur les piqures, ce qui a un peu calmé temporairement la douleur (qui restait très supportable, ça va. C'est sur le coup que c'est très très très très douloureux et inquiétant, après ça devient humain). Ça m'a piqué quelques heures puis s'est parti.

Des lianes !
Un arbre flippant...
"L'arbre qui marche", dont les gens se servent a priori pour faire le plancher. Je suppose qu'ils enlèvent les épines, avant.
L'insecte le plus bizarre que j'ai jamais vu. Il ressemble à rien, n'a pas vraiment de tête, est tacheté, et a des fils comme du céleri qui se promènent autour de lui quand il vole..
En coupant la bonne racine, on peut obtenir de l'eau, stockée dedans par les arbres. Miam !
Un arbre fruitier sauvage avec de super fruits mi pommes/poires/cerises ♥

Lézard de toutes les couleurs ♥
 Après toutes ces plantes découvertes (ainsi que quelques insectes fascinants), nous voila à nouveau dans la barque, direction le lodge, avec nos fruits toutbeaux-toutmiam. On mange un bon repas et ces bons fruits offerts par mère nature, puis nous dirigeons vers notre prochaine activité : aller se baigner sur un banc de sable, une île apparue au milieu du grand fleuve Ucayali.

Le but était de nager près des dauphins qui squattent là, mais en fait on en a juste vu sur le chemin, pas spécialement près de la "plage". Forcément, comme partout, il devait il y avoir des piranhas dans l'eau, mais ils attaquent peu les humains, sauf s'ils sentent le sang... Depuis quelques années, le niveau du fleuve est plus bas/descend davantage, du coup les habitants des villages environs viennent jeter des semences dans la boue puis récolter quelques mois plus tard le riz, les flageolets qui ont poussé là. Je pars observer les oiseaux sur le long banc de sable, je me fais attaquer par des sternes (comme en Islande, c'est beau ♥), je rebrousse chemin et vais me baigner avec les autres.

Le dos d'un Dauphin Rose





Se baigner en Amazonie c'est coule. L'eau est chaude, il fait chaud, on peut s'enduire de boue, discuter dans le fleuve, s'enterrer dans la boue, et surtout... regarder le coucher de Soleil sur l'Amazonie en barbotant dans l'eau chaude du fleuve. C'est génial ! On a donc assisté à un merveilleux coucher de soleil (on le voyait descendre à vue d’œil, dingue!), puis on a repris le bateau (la nuit, l'eau se remplit d'anguilles électriques capables de te paralyser...) pour rentrer au lodge en admirant les couleurs du ciel.
Les haricots plantés là.
Le riz, je crois.
Attaque des Becs-en-Ciseaux !
Après le repas, nous partons en exploration autour du lodge. Dans la nuit. Autre ambiance. Autant de jour c'est magnifique de marcher dans ce décor infiniment vert, tu te sens bien même s'il fait chaud et moustiques, tu regardes tout autour de toi avec émerveillement... autant la nuit, tu scrutes la pénombre avec ta lampe de poche à la recherche des monstres divers et variés dont regorge l'Amazonie, tu écoutes les belles histoires du guide qui te dit qu'on cherche des serpents et que certains sont quasi indétectables tellement ils ressemblent à des lianes, puis tu vois une énorme tarentule comme celle de la veille... Au début, je n'avais pas du tout peur, et puis peu à peu, c'est impressionnant, ce mélange de silence entrecoupés de bruits étranges de la jungle, cette recherche de quelque chose mais on ne sait pas quoi...

Bilan, on a vu un engoulevent (oiseau de nuit), une tarentule, un énorme crapaud gluant et... tout à coup, je frôle un arbuste et je vois...

 La Giant Bullet Ant, en gros la fourmi géante balle de fusil.Comme son nom l'indique, elle est très très grande pour une fourmi, à savoir environ 2 à 3cm (en sachant qu'en Europe elles font plutôt de 2 à 9mm). Elle a l'air profondément méchante. Et le doux nom de "balle de fusil" fait référence à la douleur que provoque sa piqure. Eh oui, il s'agit tout simplement de l'insecte (fourmis, guêpes et frelons divers) le plus douloureux du monde. Ouh yeah! On l'apelle aussi fourmi 24h, même si la durée de l'immense douleur (qui ne tue pas, sinon ça ne serait pas drôle. Sortilège Doloris, quoi) peut être plus courte ou longue selon l'endroit piqué et la chance de la personne... Dans certaines tribus, on faisait des "plastrons" avec ce fourmis qu'on attachait aux initiés pour tester leur résistance à la douleur (variante : s'assoir à côté du nid, afin de tester le courage). Heureusement, elles ne sont en général que 10 à 1000 individus dans une fourmilière... Sinon ça serait juste monstrueux :) Bon, c'est sûr que quelques centaines c'est déjà pas mal... Donc voila, je suis content d'avoir vu la bestiole et surtout de ne pas avoir foncé directement sur la feuille de l'arbuste en question. La fourmi de feu, c'était déjà suffisamment kiffant.


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