lundi 8 octobre 2012

Huancavelica (Jour 2 : Lagunas de Choclococha y Pultocc)

La végétation à cette altitude.
Réveil à 3h du matin, et, oh surprise, on n'était même pas vraiment fatigué après cette petite sieste. Bus à 4h, puis on roule deux heures de nuit. On pensait dormir, mais difficile pour diverses raisons. La première est qu'on roule de nuit sur une petite route paumée des Andes, ce qui signifie quand tu es côté fenêtre que tu peux observer à quel point la route est étroite et le ravin est sombre. Joie ! Non, en vrai c'est très badant de fixer la nuit et le côté du bus, et de constater parfois que tu vois même pas la route tellement le bus roule au bord du vide. Ah ah ah ah ! Une expérience que je recommande à tout le monde.

Le deuxième inconvénient de ce bus, c'est qu'au milieu de la nuit, à 5000m d'altitude, il fait froid. Au point que les fenêtres étaient givrées même à l'intérieur. Joie (bis)! Malgré nos milliards de couches de vêtements, on était frigorifiés, et on avait très peur du moment où on devrait sortir du bus. S'il fait froid à l'abri... qu'en est-il de dehors?

La communauté de Choclococha, au petit matin, quand le soleil n'illumine pas encore tout.

Nous voila débarqués vers 6h du matin sur une route entourée d'une dizaine de maisons (la communauté de Choclococha), avec, en contrebas, la belle Laguna du même nom. Et il fait froid. Terriblement de chez terrible. Mais le timing est presque parfait, car on voit le Soleil sur les montagnes un peu plus loin, et il se rapproche de minute en minute. Après 15 minutes à se geler gravement ne priant pour qu'il se dépêche, il nous darde joyeusement ses rayons, enfin ! Il fait tout de suite une température presque agréable. On rencontre alors deux français, Xavier et Sonia, en voyage de 2 mois au Pérou avec leurs sacs de rando. On décide donc d'explorer la contrée tous ensemble.



 Tout d'abord, on tombe sur un champ d'alpagas, encerclés d'un grillage. Comme nous sommes tous les 5 de grands fanatiques d'alpagas, nous voila tout heureux, espérant qu'ils soient lâchés rapidement pour pouvoir aller gambader avec eux. (Quand j'aurai eu une photo satisfaisante d'un Lama, un Alpaga, une Vigogne et un Guanaco, je vous ferai un article explicatif sur ces 4 espèces de camélidés d'Amérique du Sud. Sachez déjà que la domestication de la vigogne il y a plus de 7000 ans aurait donné l'alpaga, et celle du guanaco aurait donné le Lama)(deux espèces sont donc sauvages, deux domestiques).

Un village en ruines paraissant avoir été engloutit...
Le meilleur café jamais bu au Pérou ♥





Puis, nous buvons un café gracieusement offert par nos compatriotes. Au sommet d'une colline, donnant sur un lac magnifique et turquoise, à 4600m d'altitude, dans les Andes. Oui oui, c'est la classe. En plus, le froid étant passé et le soroche ne nous donnant plus aucun fil à retordre (l'acclimatation, magie!), on se baladait comme si on n'était qu'à 2000m ou même moins. 4600, finalement, c'est pas grand chose, ah ah!
 
Après le café, nous décidons (sous mon impulsion subtile) de descendre tout d'abord à l'une des extrémités de la lagune, où de nombreux oiseaux semblaient vivre leur vie d'oiseau des hautes Andes. Je vais vous parler des plus importants, histoire de pas trop vous embêter (et de garder de quoi parler pour un article entier consacré à ça, un de ces mois). Tout d'abord, on aperçoit les typiques Ouettes des Andes, de grosses oiseaux, très grosses, qui se dandinent en altitude. Et puis.... des Flamants ! Eh ouais, on trouve des Flamants du Chili (très ressemblants aux Flamants Roses de chez nous) à des hauteurs impressionnantes!

Des grosses oies vivant à haute altitude : les Ouettes des Andes
Des Flamants du Chili



On longe la Laguna de Choclococha, en faisant des pauses toutes les 10 minutes. C'est très bucolique et paisible. A un moment, les alpagas sont lâchés et vont brouter le long de la lagune, du coup on se jette sauvagement sur eux dans le but de leur faire des câlins, sauf que c'est aussi peureux qu'un mouton (en fait, c'est exactement la même chose qu'un mouton, si on excepte leur long cou) du coup ils partent en galopant. Et le galop d'alpaga, c'est quelque chose, ah ah ah ! Du coup on a surtout fait des milliers de photos. J'ai tenté d'en empêcher un de fuir, mais il semblait si misérable et devenait fou à force, du coup je l'ai laissé tranquille.
C'est parti pour une longue galerie d'Alpagas. Parce que c'est fabuleux !
Donc oui, un alpaga ça peut courir.



Suite de la ballade, pause, marche, observation d'oiseaux intéressants (des phalaropes ! Vraiment surprenants)... Puis on entreprend de remonter vers le sommet d'une colline, et là on ressent bien les 4600m, le coeur bat vite, la fatigue est rapide à venir. On retrouve des alpagas, mais même en tentant des feintes ou la douceur, impossible de les toucher. On passe plus de 4h à se balader tranquillement sur un très petit périmètre, très paisiblement, puis on décide d'aller prendre le bus de 11h pour aller à une autre lagune pas loin qui semblait tout aussi magnifique, pour ensuite prendre le bus de midi pour rentrer pas trop tard à Huancavelica.

En attendant le bus et tentant du stop (sauf qu'il n'y a personne au fin fond des Andes, raté!), je vais observer l'étrange manège de deux hommes, une femme, un gosse et une dizaine d'alpagas. Un mec est en train d'attraper les alpagas au lasso (avec une grande dextérité, ma foi!) pour leur saucissonner les pattes tels des lamasticots. L'autre homme, la femme et l'enfant effrayent ceux qui sont encore debout pour pas qu'ils partent. Au Pérou, je m'améliore tous les jours dans le domaine du "taper la discute avec n'importe qui dès que tu as une question en tête, de manière toute à fait impromptue", du coup je leur demande ce qu'ils font. En fait, ils ont acheté les alpagas aux différents paysans du coin (chaque cheptel a sa couleur de "nœud d'oreille pour alpaga") pour les mettre dans un camion et les vendre ensuite à Huancavelica pour en faire de la viande.



Gloups, pauvres alpagas. M'enfin bon, ainsi va la vie. Une fois qu'ils sont tous attachés, le mec nous dit qu'on peut se rapprocher d'eux pour les photos ou les toucher. Pas besoin de nous le dire deux fois, on va tout de suite caresser (enfin !) la grosse laine des alpagas. C'est coule, mais ils sont un peu stressés, peut être sachant le sort qui les attend, du coup les câlins sont pas trop réciproques. Soudain surgit le bus (à 10h30 au lieu de 11h, tout à fait normal, on est au Pérou) et on monte dedans en direction que la Laguna de Pultocc, même altitude mais un peu plus loin. Et nous voila téléporté presque gratuitement dans un nouveau lieu enchanteur.


Pisciculture de la truite dans l'une comme l'autre lagune


L'attente. Là, sous un nuage, il fait donc froid. Derrière, une mamita sur un rocher
C'est tout aussi magnifique. On profite un peu de l'endroit, puis Xavier et Sonia s'en vont vers de nouvelles aventures et Albine, Elise et moi décidons qu'on va bien prendre le bus de 12h. Vers 11h45 on va donc au bord de la route, où attend déjà une famille andine typique (mamitas & papito, enfin c'est comme ça qu'on les appelle ♫ plus de photos de mamitas plus tard). Et on attend. Et on attend. Et on attend. Et on attend. Et l'eau commence à manquer. Et le Soleil tape très fort car il est midi-13h à 4700m. Et il n'y a pas d'ombre car pas d'arbres. Et on sèche, et on à mal à la tête, et le soroche revient car on manque d'eau, et la coca n'y fait rien, et on attend, et on a mal à la tête, et on ne sait pas quoi faire, et on aurait pu aller se balader plus longtemps mais non on doit attendre au cas où, et on attend, et on attend, et les nuages arrivent et il fait  très  froid,  et  il   fait  froid,  et  je
                                       commence  à  me  sentir  vraiment  mal,
  et on attend...                                             

La sinueuse route des Andes

Vous l'aurez compris, attendre un bus en plein soleil puis dans le froid au milieu des Andes, c'est sympa un moment, mais pas tout l'aprem. Au moment où je commençais à aller vraiment pas bien, le bus arrive enfin !!! J'ai presque envie de pleurer de soulagement, tellement j'avais mal à la tête et froid. On a attendu 4h, environ, je crois. Très dur. Du coup, mode zombie sur le retour, je tente de dormir et souffre en silence, sans faire attention aux ravins (l'habitude). A un moment, j'ouvre les yeux et le monde est blanc, couvert de neige, vitre gelée. Très étrange, je me demandais où j'étais. Première fois qu'on voyait de la neige partout comme ça, et la voir de manière aussi soudaine, c'est vraiment étrange. Puis le paysage redevient normal.

Puis on fait un arrêt au début de la nuit devant un étrange bâtiment et des mecs commencent à décharger ce qui semble être des paquets de laine du toit du bus. Puis je vois un mec tirer un de ces paquets hors de la soute. Il tire le paquet par la tête. Par la tête? DOUX JESUS ! Les alpagas de toute à l'heure n'ont pas voyagé en camion, ils ont été mis sur le toit du bus et dans la soute ! C'est légèrement glauque, comme vision. Et ça explique sans doute une petite partie du retard du bus... Enfin, après avoir entendu les cris déchirants des alpagas, on repart et on finit par arriver le soir à Huancavelica. On mange, on dort car le lendemain matin, réveil à 5h pour aller prendre le deuxième train le plus haut du monde (après un qui se promène au Tibet, si j'ai bien suivi), entre Huancavelica et Huancayo, ce qui constitue notre objectif 2 sur 3.

2 commentaires:

  1. J'avoue que j'ai vraiment pitié pour les alpages à des milliers de km d'eux. T___T

    (ah et tu as oublié un mot: "pour ensuite prendre le bus de midi pour rentrer pas trop TARD à Huancavelica.")

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  2. Superbes photos et le commentaire qui va avec, merci!

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