samedi 6 octobre 2012

Huancavelica - Huancayo (Jour 1 : Huancavelica)

Le bus trèèèès confortable !
 Cela faisait deux semaines et demie que l'on n'avait pas quitté Lima, ça commençait à faire beaucoup, l'appel du voyage se faisait ressentir. En regardant minutieusement des tas de choses sur le Pérou, Elise est tombée sur la Laguna de Choclococha et ses paysages de rêve (Laguna = lac. Et lacune, mais bon, ça n'a pas beaucoup de sens dans ce cas). Du coup, on avait l'idée de s'y rendre et on a finit par s'organiser pour partir du mercredi 20 septembre au soir au dimanche 23 septembre au soir, ratant ainsi un jour de cours (le jeudi). Cette fois, Albine étant déjà au Pérou depuis au moins 3 jours, nous sommes partis à trois (Albine est également une amie de l'IEP, mais elle fait son année en association dans un quartier peu favorisé, et non en fac comme Elise et moi).

Comme d'habitude, il a fallut passer des heures à chercher le bus adapté pour aller à Huancayo et Huancavelica et le bus pour en rentrer. Notre voyage avait trois objectifs : la Laguna de Choclococha, le deuxième train le plus haut du monde reliant Huancavelica et Huancayo, et le marché géant du dimanche à Huancayo, attirant des gens de toute la Cordillère Centrale. Du coup, dans l'idéal, il fallait commencer par Huancavelica et repartir de Huancayo. Dur, niveau bus, quasi aucun ne va à Huancavelica depuis Lima. Mais on a fini par trouver, passer un soir dans un quartier qui-craint-mais-qui-vit de Lima pour acheter les billets, galéré pour acheter ceux du retour sur internet, et puis la veille, donc le mardi, on avait enfin tous les billets. Parfait ! (Oui oui, nos voyages sont toujours très improvisés quelques jours à l'avance).

Huancavelica étant dans les Andes, y aller prend du temps. 11h, je crois, environ. Du coup, comme pour toute destination en fait, l'idéal est de partir la nuit, pour économiser du temps en "dormant" dans le bus. Lolilol. Comme si on pouvait vraiment super bien dormir dans un bus. Enfin bref, on a eu de bons billets pour 45soles, soit 13€, et le mercredi à 19h on a retrouvé Albine au terminal de la compagnie Lobato, compagnie très méconnue qui n'a même pas de site internet avec les tarifs (on avait du envoyer un mail -_-). En fait, le bus était très luxueux et confortable (j'admets qu'on avait payé 3€ de plus pour avoir un meilleur confort pour être plus en forme pour le voyage)  => On a gagné des points bonus riche européen \o/

Arrivée à Huancavelica. La classe totale !

Donc tentative de nuit, où sur les 11h j'ai pas du tout dormi le nécessaire, mais c'est mieux que rien, puis, vers 5h, le Soleil se lève et là je découvre autour de moi le paysage des Andes. LES ANDES ! Je ne savais pas trop à quoi m'attendre, du coup ces paysages majestueux m'ont vraiment impressionné. Dur d'expliquer à quel point c'était magnifique, mais plusieurs fois durant ces quatre jours j'ai été ému par la beauté de la Cordillère. Dit comme ça c'est bien niais, mais c'est ainsi. Peut de temps après, vers 6h, nous voila arrivés à Huancavelica, au petit matin. Tant mieux, la nuit tombant (je le rappelle, c'est vraiment un point essentiel de la vie au Pérou) à 18h15, c'est mieux de commencer la journée tôt car à 18h30 c'est fini, dodo repas et basta.



Huancavelica est une petite ville des Andes, capitale de la région du même nom, peuplée d'environ 40 000 personnes, entourée de magnifiques montagnes, parce qu'elle est... à 3700m d'altitude. Rien que ça. Croyez-moi, c'est quelque chose, 3700m d'altitude, et y trouver une ville c'est étrange et magique. Pour la petite histoire, Huancavelica est une des villes les plus pauvres du Pérou et sa vie a été longtemps liée à celle des nombreuses et grandes mines que les espagnols ont exploitées dans la région, notamment pour le mercure et l'argent. A part ça, ce qui est génial c'est qu'en plus d'être une jolie ville dans les Andes, elle est bizarrement extrêmement peu touristique, ce qui flash tout de suite comparé à la côte, alors même qu'il n'y a pas énormément de touristes à Trujillo ou Ica non plus... c'est dire. Par conséquent, les gens ne sont pas habitués à voir de jeunes gens blancs comme nous se balader dans leur ville et viennent discuter, nous demander d'où on vient, ce qu'on fait, combien de temps on reste, etc. C'est beaucoup plus/encore plus chaleureux que dans d'autre villes.
 
Point Soroche : il est ici essentiel de parler du Soroche, c'est-à-dire du mal des montagnes, mal des hauteurs andines, mal de l'altitude. Ses symptômes sont le mal de tête, sinusite, nausées, vomissements, insomnie, fatigue générale, vertiges, absence de faim... ouip, ça fait rêver. Ses causes : la pression atmosphérique diminue avec l'altitude, de concert avec la quantité d'oxygène, du coup on manque de globules rouges et d'air. En arrivant à une hauteur telle que 3500m, il est quasi certain qu'on va ressentir un peu de soroche, mais ses effets dépendent totalement des personnes. Personnellement, j'allais très bien, le premier jour, alors qu'Albine et Elise avaient bien mal à la tête, un peu de nausées, et grosse fatigue. Le principe de base est qu'il faut s'acclimater, c'est-à-dire ne pas faire trop d'efforts (sinon tu meurs, et c'est un processus conscient donc tu le fais pas parce que tu veux pas mourir) le premier ou les premiers jours de haute altitude, le temps que tes globules et ton corps se reconstituent et fonctionnent comme à la normale. Les principes moins de base (enfin si, les principes de base quand tu vis dans les Andes), seront expliqués par la suite.

Du coup, arrivés à Huancavelica, on se balade dans la ville jusqu'à découvrir la plaza des Armas (place principale de la plupart des villes du Pérou) et l'office du tourisme qui fait aussi agence de tours organisés. Là on demande les divers moyens pour 1) aller à la Laguna de Choclococha, 2) en revenir, 3) prendre le train jusqu'à Huancayo. Chance, le train part justement le samedi, le jour où on voulait le prendre. Moins de chance, la Lagune est un coin assez paumé et les moyens pour y accéder sans tour organisé qui demande beaucoup d'argent sont assez limités. Mais après divers passages à l'office du tourisme, on a finit par mettre au point un plan qui nous fait partir le lendemain matin, vendredi, à 4h, vers la Laguna et revenir avec l'un des trois bus, de 11h, 12h ou 18h, selon le temps qu'on voudra y passer et notre capacité à survivre à une telle altitude.

Notre chambre de l'ambiance avec sa magnifique déco.

A part ça, on voulait faire du Couchsurfing mais problèmes de communication avec le couchsurfer il y a eu, du coup on a finalement pris un hôtel pas cher du tout. Et trèèèèèès foireux. Très glauque, extrêmement froid (mais vraiment trèèèès froid alors qu'il fait chaud dehors...) et humide, avec une porte qui ne peut pas fermer (vive l'intimité)(et je parle pas de fermer à clef, mais de fermer tout court, elle reste ouverte). Et puis un décor qui nous fait sérieusement songer à une prison telle que celles dont parle Foucault et son panoptisme. Mais on l'a prise pour deux nuits, au final, et ça fait de belles histoires à raconter. Élise s'est électrocutée sous la douche glacée, par exemple. dans l'idéal, il faudrait que je fasse un blog exprès pour parler de tous les hôtels aléatoires dans lesquels nous nous retrouvons. Chacun a ses petites particularités fort sympathiques.
L'Hôtel de l'Ambiaaance
Bienvenue en Prison ! Ou ancien asile psychiatrique ?
La porte qui peut pas se fermer plus que ça. Mais y'a un cadenas, tout de même !

L'homme chelou qui avait l'air d'un brave sdf péruvien :)
Nous passons la journée à trouver comment aller à la Laguna et à se balader dans la ville. A un moment on rencontre notamment un monsieur chelou sur une place qui nous parle de l'histoire de plein de choses (le Pérou, Christophe Colomb, Dieu...) pendant une demie-heure. Whynot, c'était intéressant au début et soûlant par la suite. On va aussi voir le musée d'archéologie locale. Qui se situe en fait dans un bâtiment assez quelconque et faut aller demander à une dame de nous ouvrir une petite porte au fond de la cour, avec du bordel devant, pour aller voir le musée, petit mais plutôt bien fait, avec des objets divers trouvés dans le coin et un récapitulatif historique du Pérou. C'est gratuit, tout petit et peu nécessaire, mais pourquoi s'en priver?

Ensuite, en fin d'aprem, on se bouge pour aller faire une petite marche jusqu'à un des miradors (point de vue) qui  permettent de voir toute la ville d'en haut.Sur le chemin, vu que Elise et Albine souffrent toujours un peu, et surtout pour survivre le lendemain à la Lagune (qui est, j'ai oublié de le préciser, à 4700m d'altitude), on achète un gros sachet de feuilles de coca pour la modique somme de 1s/, soit moins de 30cent. Ah ah ah. Immédiatement on en mâche. En effet, la feuille de coca est consommée (souvent en grande quantité) par les gens des Andes afin de soulager diverses douleurs et surtout de résister au soroche. ça permet d'accélérer ton corps, de te maintenir bien éveillé etc. Moui, ça donne de la cocaïne, aussi, mais c'est une autre histoire.

Les deux mamitas en question.
Donc nous voila à mâcher de la coca dans la rue quand des mamitas (les mamies tropclasses des Andes) nous disent en rigolant "Hey, des gringos qui mastiquent de la coca!". Du coup on tape un peu la discute avec elles, elle nous demandent comme d'hab d'où on vient (Francia), où on va (la Laguna de Choclococha!) et là elles nous disent de faire très attention au froid glacial de là-haut et au soroche. Et l'une d'entre elles me parle de son remède contre le soroche, et verse un peu de sa bouteille pleine d'herbes bizarre donnant un alcool très fort sentant l'essence dans une petite bouteille, pour nous permettre de survivre le lendemain. Sa méthode est d'inhaler le breuvage, ainsi que de s'en étaler sur les sinus, la nuque etc. Vraiment suprasympa de nous offrir ça et de nous conseiller. Foi en l'humanité + 100 points.

Petit aperçu au loin de où est le Mirador (on avait déjà commencé à monter, à ce moment là)

 
Et là commence la montée... On monte des marches par centaines, on finit par quitter la ville et par s'élever sur la montagne. Rapidement je commence à observer des oiseaux que je n'avais jamais vu, notamment de très beaux rapaces, noir et blanc, volant dans le ciel en criant un peu comme des pies. J'ai passé pas mal de temps à les observer. Mais ne vous inquiétez pas, un article sur les oiseaux des Andes viendra un jour. J'ai observé environ 20 nouvelles espèces en 2 jours à Huancavelica, c'est dire si je suis supracontent =D


Une des nombreuses pauses reprise de souffle et autre mâchag

Petit à petit, on domine la ville et c'est une vue magnifique qui s'offre à nous : Huancavelica, vue de haut, entourée de grandes montagnes. Mais la montée n'est pas de tout repos, parce que si j'avais aucun problème d'altitude jusque là, le fait de monter des tonnes de marches (souvent trop vite parce que j'étais trop motivé) m'essouffle beaucoup. On fait des pauses toutes les 4 minutes, parce que c'est très dur pour le coeur de suivre notre rythme de tortues. Il bat comme après le cross du collège, quand tu tombes par terre tellement t'en peux plus de courir. Pauvre petit cœur. Bienvenue dans les Andes ! On mâche de la coca régulièrement, du coup.


L'escalier parcouru, avec la ville, bas.
M'enfin on finit par arriver tout en haut, et le mirador est en fait une église à laquelle on peut pas trop accéder. Mais un chien nous mange les jambes, alors ça compense. You-ouh \o/ Il se fait tard, du coup on peut pas s'éterniser là-haut (pas envie de traverser les quartiers périphériques de la ville de nuit...). On redescend alors, beaucoup plus rapidement et sans souci de soroche, et surgit alors un coucher de soleil sur les Andes. La classe. Diverses ambiances cheloues se succèdent, telles que le ciel bleu électrique, les nuages roses, les nuages gris teintés de magie, la ville de couleur rose...


Après avoir profité de ces images de rêve, on rentre, on mange, on veut aller au dodo, vu que le lendemain, réveil à 3h du matin pour prendre le bus vers la Laguna de Choclococha. Mais en fait, on tombe sur un "Krit local", un défilé des différentes écoles du coin, en costumes traditionnels ou originaux, avec ou sans instruments de musique. Sympa !Y'a des trucs très recherchés comme un condor en plastique, des péruviens poursuivant des péruviens-virus avec ces seringues géantes en criant, une opération chirurgicale sur une voiture, une sexy Minie... Pas mal. Mais comme je disais : réveil à 3h du matin pour prendre le bus vers la Laguna de Choclococha, c'est-à-dire l'objectif 1/3 de notre voyage de 4 jours. On ne peut donc rester longtemps, si on veut espérer tenir debout quelques heures plus tard.

Les vêtements traditionnels sont vraiment très beaux ♫
 

2 commentaires:

  1. Sympa comme tout ce premier jour, je passe vite au 2...

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  2. Trop fort ! L'homme chelou était déjà là au mème endroit en décembre 2011, j'ai une photo du mème type qui se baladait avec une chaise sur la tête à ce moment là !
    Lien : http://ornithoperou.piwigo.com/picture?/3124/category/236-15_12_2011

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