J'avais prévu de me lever tôt pour prendre un combi en direction d'Oxapampa. Sauf que ce matin là a commencé le pire déluge depuis environ 20 ans. Quand ça se calme un peu je vais vers la gare routière et prends un combi, comme prévu. Sur la route, le combi doit régulièrement traverser de gros torrents causés par l'orage. C'est vaguement impressionnant, mais on s'habitue en voyant que la voiture survit... jusqu'à un moment où on est stoppés par... je ne sais pas, y'a pas de mot, c'est mille fois pire qu'un torrent, c'est presque une perpétuelle vague ou une rivière... traversant la route de part en part. Les photos montrent pas du tout la puissance du truc donc je vais mettre une minividéo en ligne... Y'avait des rochers qui roulaient dans la rivière... fin bref, la vidéo
permet de se faire une petite idée,
mais c'était vraiment fascinant.
Pendant des heures on reste bloqué. Les gens et véhicules s'amassent des deux côtés, certains font demi-tour et rentrer chez eux. A un moment, le flux aquatique se calme légèrement et quelques voitures passent, puis ça reprend de plus belle. Mon combi s'en va et me colle dans un collectivo (plus rapide et plus cher), ainsi soit-il. Je parle avec Juan Carlos (18 ans) d'Oxapampa qui rentre chez lui après être allé à Lima. La rivière se calme un peu à nouveau, cette fois nous passons. Épique !
Vers midi j'arrive finalement à Oxapampa. C'est très propre et organisé (première impression). Et surtout... c'est très allemand. Eh oui. Situé dans une autre région que la Merced, Oxapampa c'est très différent. A une altitude de 1800m (encore entre jungle et Andes), avec une population de moins de 10 000 habitants, c'est une petite ville paisible fondée par les colons allemands au XIXème siècle. En 1853, face aux terribles conditions de vie en Europe Centrale, un contrat est signé entre un baron et le gouvernement péruvien pour envoyer des colons tyroliens et prussiens dans cette région. Dans un premier lieu ils s'établissent à Pozuzo un peu plus au nord (que je n'ai pas eu le temps de visiter, hélas), puis, en 1891, quand les choses allaient mieux pour ces pauvres colons, Oxapampa est fondée ainsi que Villa Rica (que je n'ai pas non plus eu le temps de voir).
Une des rues principales, bien différente du "bordel" habituel (mais très agréable) des rues péruviennes.
Zone Andes/Amazonie aussi appelée "Jungle à nuages".
Du coup, encore actuellement, les gens de Pozuzo parlent beaucoup allemands et sont très blancs. Ce n'est pas le cas d'Oxapampa (ce sont surtout des gens des Andes qui s'y sont installés parce que c'est très vert et nickel pour l'agriculture), mais beaucoup de détails marquent bien ce passé original. Déjà, plusieurs maisons ont un toit genre en triangle avec deux pentes, comme chez nous. J'ai mis longtemps a le remarquer, mais au Pérou la plupart des bâtiments ont un toit plat. Ensuite, il y a pas mal de restaus germains (suisses, autrichiens), c'est rigolo ♫ Bizarres sont les maisons à colombages au milieu des Andes. Surprenant est le fait de voir des vaches et des poulets qui ressemblent aux nôtres et ne sont pas les poules mutantes d'Amazonie ou les vaches flippantes des Andes.
SURPRISE!
Ces bâtiments ne font pas du tout péruvien!
C'est vraiment étrange de voir autant de choses que je n'avais plus vues depuis plus de trois mois au fin fond d'une région paumée du Pérou, à moitié en Amazonie et dans une vallée perdue des Andes. Surtout qu'à la Merced qui est bien paumée aussi, tout est "normal", péruvien d'origine. Là, non. A part ça, je ne l'ai pas encore vraiment précisé mais ce ne sont pas du tout des endroits connus, des destinations touristiques. A la Merced, il y avait tout de même un office du tourisme dans la mairie et 4 ou 5 agences touristiques, mais les gens qui y voyagent sont des péruviens des Andes, aucun étranger ne vient par là. Du coup, ça permet d'intriguer et donc de parler avec plus monde.
Cette église (construite par un certain Müller, forcément) n'est point une église typique coloniale?
La Plaza de Armas, sympathiquement verte.
A Oxapampa, c'est encore bien plus "isolé". Il y a deux agences qui ne proposent presque rien, aucun office du tourisme, aucun blanc / étranger (si, j'avoue, j'ai croisé un couple de Mexicains le deuxième soir)... C'est de l'immersion dans un monde vraiment différent, du coup. Encore plus en étant tout seul. Bon, le mieux aurait été de squatter chez des gens mais il n'y a pas de couchsurfers dans cette ville et je ne suis pas encore capable de "j'irai dormir chez vous".
Les prussiens ont ramené des pins de chez eux pour ne pas être dépaysés... ben ça n'a pas empêché les orchidées et autres plantes de d'Amazonie de pousser dessus, hé hé. Bon exemple de mélange allemand/péruvien.
Je me balade dans la petite ville, je cherche des infos sur comment aller au Parc National Yanachaga-Chemillén, un des plus importants du Pérou, qui se situe non loin de là. En discutant avec un mec, j'apprends qu'on peut marcher jusqu'à son entrée et que le chemin est bien indiqué. Par contre il me donne douze mille temps nécessaires pour y aller, du coup je décide juste de marcher dans sa direction et de revenir à la nuit tombée. Je marchande avec un autre mec d'une agence pour aller faire un tour d'observation des oiseaux dans la réserve et parviens à faire baisser le prix de 65 à 40 soles, mais ça reste trop cher pour moi, tant pis, je vais seul à la réserve.
Rapidement, je sors de la "ville" et parviens dans une zone très agricole avec quelques bêtes et beaucoup de culture de plantes diverses. Je marche 2h30 avec un bon dénivelé sans savoir si la réserve est encore loin ou non, mais la nuit tombe dans moins de 2h donc il me faut rebrousser chemin. D'autant plus que le chemin en question a explosé à cause des inondations du matin. Je marche dans l'autre sens pendant une heure jusqu'à ce qu'un mec me prenne en moto pour redescendre en ville. Ouh yeah! Un peu flippant la moto sur les petits chemins de montagne péruviens, mais sympa. Je trouve un hôtel et un restau et en repassant voir le mec à l'agence je parviens encore à faire baisser le prix de la sortie. C'est parti pour 30 soles (au lieu de 65), demain matin à 8h30 direction la réserve. Je lui emprunte le bouquin Oiseaux du Pérou pour le bouquiner durant la soirée. ça fait plaisir des gens aussi sympas. Et puis forcément c'est un soir de défilé danses traditionnelles.
Qui eût cru que cette photo a été prise dans les Andes et l'Amazonie? ça pourrait être les Vosges...
Les nombreuses cultures de la région...
Un des plus beaux papillons vus jusqu'à présent... très grand, bleu pâle et noir, tâches dorées sur les ailes...
Des granadillas, un de mes fruits préférés du Pérou ♥
Les choses bizarres qui poussent dans la jungle...
Autre plante bizarre
La route détruite
Un des oiseaux que j'avais le plus envie de voir : le magnifique Milan ) Queue Fourchue
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